Italie. Simbad le marin.Le février , la vigie de NotreDame de la
Garde signala le troismâts le Pharaon, venant de Smyrne,Trieste et
Naples.Comme d'habitude, un pilote côtier partit aussitôt du port, rasa
le château d'If, et alla aborder le navire entre lecap de M ion et
l'île de Rion.Aussitôt, comme d'habitude encore, la plateforme du fort
SaintJean s'était couverte de curieux; car c'esttoujours une grande
affaire à Marseille que l'arrivée d'un bâtiment, surtout quand ce
bâtiment, comme lePharaon, a été construit, gréé, arrimé sur les
chantiers de la vieille Phocée, et appartient à un armateur de
laville.Cependant ce bâtiment s'avançait; il avait heureusement franchi
le détroit que quelque secousse volcanique acreusé entre l'île de
Calasareigne et l'île de Jaros; il avait doublé Pomègue, et il
s'avançait sous ses troishuniers, son grand foc et sa brigantine, mais
si lentement et d'une allure si triste, que les curieux, avec
cetinstinct qui pressent un malheur, se demandaient quel accident
pouvait être arrivé à bord. Néanmoins lesexperts en navigation
reconnaissaient que si un accident était arrivé, ce ne pouvait être au
bâtiment luimême;car il s'avançait dans toutes les conditions d'un
navire parfaitement gouverné: son ancre était en mouillage, seshaubans
de beaupré décrochés; et près du pilote, qui s'apprêtait à diriger le
Pharaon par l'étroite entrée du portde Marseille, était un jeune homme
au geste rapide et à l'oeil actif, qui surveillait chaque mouvement
dunavire et répétait chaque ordre du pilote. polos lacoste
La vague inquiétude qui planait sur la foule avait particulièrement
atteint un des spectateurs de l'esplanade deSaintJean, de sorte qu'il ne
put attendre l'entrée du bâtiment dans le port; il sauta dans une
petite barque etordonna de ramer audevant du Pharaon, qu'il atteignit en
face de l'anse de la Réserve.En voyant venir cet homme, le jeune marin
quitta son poste à côté du pilote, et vint, le chapeau à la
main,s'appuyer à la muraille du bâtiment.C'était un jeune homme de
dixhuit à vingt ans, grand, svelte, avec de beaux yeux noirs et des
cheveuxd'ébène; il y avait dans toute sa personne cet air calme et de
résolution particulier aux hommes habitués depuisleur enfance à lutter
avec le danger.«Ah! c'est vous, Dantès! cria l'homme à la barque;
qu'estil donc arrivé, et pourquoi cet air de tristesserépandu sur tout
votre bord? Un grand malheur, monsieur Morrel! répondit le jeune homme,
un grand malheur, pour moi surtout: à lahauteur de CivitaVecchia, nous
avons perdu ce brave capitaine Leclère. Et le chargement? demanda
vivement l'armateur. , Il est arrivé à bon port, monsieur Morrel, et je
crois que vous serez content sous ce rapport; mais ce pauvrecapitaine
Leclère. Que lui estil donc arrivé? demanda l'armateur d'un air
visiblement soulagé; que lui estil donc arrivé, à cebrave capitaine? Il
est mort. lacoste polo
Tombé à la mer? Non, monsieur; mort d'une fièvre cérébrale, au milieu
d'horribles souffrances.»Puis, se retournant vers ses hommes:«Holà hé!
ditil, chacun à son poste pour le mouillage!»L'équi obéit. Au même
instant, les huit ou dix matelots qui le composaient s'élancèrent les
uns sur lesécoutes, les autres sur les bras, les autres aux drisses, les
autres aux hallebas des focs, enfin les autres auxcargues des
voiles.Le jeune marin jeta un coup d'oeil nonchalant sur ce
commencement de manoeuvre, et, voyant que ses ordresallaient
s'exécuter, il revint à son interlocuteur.«Et comment ce malheur estil
donc arrivé? continua l'armateur, reprenant la conversation où le jeune
marinl'avait quittée. Mon Dieu, monsieur, de la façon la plus
imprévue: après une longue conversation avec le commandant duport, le
capitaine Leclère quitta Naples fort agité; au bout de vingtquatre
heures, la fièvre le prit; trois joursaprès, il était mort.«Nous lui
avons fait les funérailles ordinaires, et il repose, décemment
enveloppé dans un hamac, avec unboulet de trentesix aux pieds et un à
la tête, à la hauteur de l'île d'El Giglio. solde polo lacoste
Nous rapportons à sa veuve sacroix d'honneur et son épée. C'était bien
la peine, continua le jeune homme avec un sourire mélancolique, defaire
dix ans la guerre aux Anglais pour en arriver à mourir, comme tout le
monde, dans son lit. Dame! que voulezvous, monsieur Edmond, reprit
l'armateur qui paraissait se consoler de plus en plus, noussommes tous
mortels, et il faut bien que les anciens fassent place aux nouveaux,
sans cela il n'y aurait pasd'avancement; et du moment que vous m'assurez
que la cargaison. Est en bon état, monsieur Morrel, je vous en
réponds. Voici un voyage que je vous donne le conseil de nepoint
escompter pour . francs de bénéfice.»Puis, comme on venait de dépasser
la tour ronde:«Range à carguer les voiles de hune, le foc et la
brigantine! cria le jeune marin; faites penaud!»L'ordre s'exécuta avec
presque autant de promptitude que sur un bâtiment de guerre.
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